La Dent du Géant

Publié le par La Muse

Dent du Géant Face SW par les Plaques Burgener, Dimanche 16 septembre
Avec Rémi, David et Florian
Compte-rendu sur c2c


Aaaaaaaah, la Dent du Géant: combien de fois l'ai-je lorgnée avec envie, mais sans vraiment ne serait-ce qu'effleurer l'idée d'y monter (parce que quand même, qu'elle parait haute et raide...) ? Et puis, après avoir grimpé régulièrement cette année, et après avoir pas mal progressé dans le mixte AD avec mes EXCELLENTS professeurs Simon et Loic (non, ils ne m'ont pas payée) , je me suis finalement lancé ce week-end sur cette belle canine granitique. Et en tête de cordée sur l'intégrale de la course en plus ! (et j'en suis pas peu fière, même si cela m'a coûté quelques nuits sans sommeil avant...)

Départ samedi aux aurores d'Annecy avec Rémi, rejoints par Florian et David en route, pour aller prendre la 1ère benne a La Palud et profiter ainsi de la journée pour planter notre camp vers Torino et s'acclimater un peu sur la traversée de l'Aiguille d'Entrêves.

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Presque au sommet de l 'Aiguille d'entrêves. Vue imprenable sur la Verte et la Dent du Géant !

J'avais déjà fait cette course en conditions hivernales, avec les crampons au pied, et elle m'avait paru pas facile facile (coté PD mais avec la glace ca prend un niveau). Mais sur rocher sec, c'est un véritable enchantement, l'arête est parfois très aérienne et la vue est a couper le souffle...

Un bon petit échauffement en tous cas, surtout pour Florian qui se fait un petit aller-retour supplémentaire sur l'arête NW pour aller récupérer un relais oublié avec .. 4 mousquetons ! (mais Florian, comment 4 mousquetons peuvent ils atterrir sur un relais ?? ;-) )

De retour au campement, où on avait posé les tentes sans vraiment aplanir la neige encore dure le matin, nous nous creusons des emplacements confortables et commençons le long labeur de faire fondre de la neige pour l'eau du dîner et du lendemain. Au menu: soupe à la savoyarde (la plus calorique des soupes déshydratées) et nouilles a la bolognaise (avec du parmesan ! ça ne rigole pas !).
On voit même notre objectif depuis l'intérieur de la tente... comme ca, juste avant d'aller se coucher, hop, un dernier stress "qu'elle est raide et haute !"...

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  Les derniers rayons du soleil au bivouac. Objectif en vue de l'intérieur de la tente !

Je ne dors littéralement pas de la nuit, et je ne peux même pas faire passer le temps avec mon ipod qui refuse de marcher parce que je l'ai allumé sans le réchauffer... (ou alors, sur la notice c'est marqué que ça marche jusqu'à 3000m, et là on est à 3200m ? ;-) ). Réveil à 5h, Florian se dévoue pour faire fondre la neige pour le thé pendant que nous restons encore un peu emmitouflé dans les sacs de couchage.

Départ à 6h: je vois une étoile filante juste avant de partir, je me dis que c'est bon signe pour la journée :-) (en plus, la veille, au camp on a croisé un chercheur de cristaux qui nous en a offert 2 pour "que ca nous porte bonne chance pour la course de demain", alors avec tout ca, la Dent du Géant ne peut pas nous échapper !). Une petite heure de marche avec la frontale sur le glacier, et nous voila au pieds des rochers avec les premiers rayons du soleil. De là jusqu'à la salle à manger, point de départ de l'escalade de la Dent, le sentier est merdique, dans des éboulis et des cailloux branlants. 1h30 plus tard,nous arrivons au pied de la Dent. On se débarrasse des crampons/piolet et autres trucs inutiles dans la Dent. On part en chaussons, mais on garde quand même les grosses chaussures au cas où le froid ne se fasse un peu trop mordant par la suite... (pffff, ca pèse dans le sac !)

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Départ de la Dent: à gauche direct dans le gaz !
Fin de L2 en III+: bientôt les dalles.

David et Florian partent en premier. Puis dans notre cordée, Rémi tente la 1ère longueur en tête, mais finalement fait 1/2 tour: y'a des jours avec et des jours sans ! Donc c'est bibi(e) qui se fera l'intégralité de la Dent en tête, mais pas de soucis, aujourd'hui j'ai un mental d'acier ;-) Une 1ère longueur en IV de 10m pour contourner l'arête, puis une 2ème longueur en III+ de 35m environ en diagonale à gauche pour atteindre la base des fameuses plaques Burgener.

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Les fameuses plaques Burgener. Visez un peu la taille de la corde fixe !!

La 1ère longueur dans les plaques est du pur plaisir ! La corde s'évite facilement, le rocher est bon, l'ambiance est au rendez-vous, et on est encore tous seuls... Mais la cordée David-Florian avance lentement (David étant un fan d'escalade esthétique sans jamais ne serait-ce que toucher la moindre dégaine pour mousquetonner), et nous sommes bientôt rejoint par la horde des guides trainant leurs clients à bout de bras sur les cordes fixes. Et les embouteillages commencent: ca double, ca s'emmele, ca se tasse aux relais. Du coup, on se fait un peu moins plaisir sur le haut, plus raide et difficile.
Je craque 3 ou 4 fois et attrape la corde fixe sur quelques mètres. Dans la cohue, difficile de prendre son temps pour trouver les bonnes prises... mais avec mes petits bras pas musclés du tout, dur dur de se hisser aux cordes fixes ! Je ne réserve donc mes craquages qu'aux cas extrêmes :-) Dans un de ces cas extrêmes, en équilibre précaire a moitié à cheval sur Florian bien au dessus de mon dernier point, je me fais même aider par un guide italien (fort sympathique par ailleurs) pour franchir un petit ressaut athlétique. Bon, j'ai un peu honte, j'étais partie pour me débrouiller tout seule de bout en bout non de non ! Mais faut dire que l'italien ne m'a même pas laissé le choix...

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Florian au relais dans les plaques.    
Près du sommet: raide et aérien !
               
On s'était fixé 12h comme heure limite de 1/2 tour pour esperer attraper la dernière benne après avoir rangé le camp, mais à l'heure dite, nous sommes en peu dessous du sommet à 4009m (le "faux" :-) ). Le temps d'y parvenir, il est 12h30, mais l'aller-retour au "vrai" sommet à 4013m nous paraît vraiment comprometant pour la dernière benne... (mais bon, il parait qu'il ne faut plus monter sur le dernier cailloux du "vrai" sommet où trône la Vierge car il est devenu super instable, donc l'altitude max. du "vrai" sommet n'est plus qu'à 4010m, soit 1m de plus que le "faux").

Nous repartons donc dans la (très chouette !) série de rappels nous rammenant au pied de la Dent: nous redescendons par la voie de montée car la brume arrive et nous ne connaissons pas la face sud - voie préférable de descente - où l'on peut facilement se tromper et déboucher sur des surplombs parait-il.... Mais finalement, sur les 3/4 de la descente, voie de montée et de descente ne se gênent pas, donc ça roule...

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Au sommet: fatiguée mais contente ! Les rappels de descente.
À 14h, au pied de la Dent, il ne nous reste plus que 2h30 pour redescendre à la tente, tout plier et courir au téléphérique. Comme la descente est normalement donnée en 1h30, c'est jouable. Avec Rémi, nous partons devant d'un pas pressé pendant que David et Florian terminent leurs rappels. Nous arrivons à 15h30 aux tente et passons 40 min à tout replier. Pendant ce temps, David et Florian coincent leur corde sur le dernier rappel et sont obligés de la couper... puis à la descente, Florian se trompe de chemin et manque de se briser les os dans un ravin parallèle (et accessoirement perd 20 min).

Ne voyant toujours personne venir à 16h10, avec Rémi nous jouons les mulets en transportant 6 gros sac à nous deux jusqu'au téléphérique (super les escaliers de la mort entre le nouveau et ancien refuge Torino avec autant de sacs...). A 16h36, David se jette dans la dernière benne alors que Florian court encore derrière. Malgré mes protestations, la benne part... mais heureusement, il reste une benne de service que Florian pourra prendre pour descendre ! Ouf !

Petite bière à La Palud pour se remettre de cette course effrénée: c'est sur, je reviendrai (mais oui Henri on t'emmènera ce coup-ci !), mais en décalé par rapport aux hordes de guides (et par la même occasion, avec la dalle au soleil !), et cette fois ci, en essayant de ne jamais céder à la corde fixe... :-)

Aller, un petit rab de photos pour prolonger le plaisir:

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La Dent derrière une crevasse   
Coucher de soleil sur les Drus, la Verte et la Dent 
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L'ombre de la Dent sur le glacier du Géant  
Les premières lueurs au sommet du Mt Blanc 
                    
PS: pendant ce temps, Simon La Brioche emmenait 2 personnes à la Dibonna et au Soreiller et nous pondait un compte-rendu très poétique sur c2c ! Je vous le conseille: voir ici.

Publié dans Alpinisme

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F
salut<br /> t es monté en "grosse" ou chausson. ? pas eu de problème de coincement de corde pour les rappels?<br /> en tout cas bravo , c'est une belle course :-)
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M
Bien sympa ton blog :-)<br /> Moins butogène que le mien tout de même ! <br /> Je te mets en lien sur le mien, ca te fera un peu de pub ! @+ sur les sommets :-)<br /> <br /> Matt
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T
Salut, tout d'abord bravo pour la Dent du Géant. C'est une course qui me tente beaucoup. D'ailleurs j'ai quelques questions a te poser à ce sujet :<br /> 1- Il parait que pour la première longueur il n'y a pas de corde fixe? Est-ce vrai? Si oui quel est le niveau de difficulté de la première longueur? Passe t elle facilement?<br /> 2- Sais-tu si le refuge torino ferme bientôt?<br /> 3- En utilisant la corde fixe quel est le niveau de difficulté de la course?<br /> <br /> Merci d'avance pour ces infos et bonnes courses. J'ai fait le week end dernier l'Aiguille de Bionnassay + Mont Blanc c'est une très belle course que je te conseille.
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M
Très bien ce compte-rendu mais qu'est ce que vous avez tous à mettre 2 'n' à Dibona !!! Ah les guides italiens, toujours prêts à aider de jolies jeunes filles en détresse ;-) Bon faudra y retournerer avec Loic pour finir les Arêtes de Rochefort et torcher la Dent... <br /> <br /> Signé Prof
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